vendredi 29 avril 2011

Les missions jésuites de l'est Bolivien

San José de Chiquitos...petit village tranquille qui abrite la seule mission jésuite en pierre, construite en 1698. Toutes les autres ont été construites en bois.

Les missions jésuites en Bolivie sont les seules restaurées à l'identique contrairement à celles du Brésil ou du Paraguay qui sont en ruine pour la plupart, et inscrites au Patrimoine Mondial de l'Humanité.

La chance nous sourit car nous arrivons pendant la Semaine Sainte et ici les processions durent toute la nuit et sur plusieurs jours. Durant tout le week-end pascal, grande foule à San José, venue surtout de Santa Cruz et des autres villages environnants. Des dizaines de stands s'installent qui proposent brochettes de poulet, de viande, chicha (boisson à base d'alcool de mais) et autres petites douceurs!

Deux jours suffisent à nous imprégner de l'ambiance et visiter l'église et le musée de cette mission jésuite (voir les photos).

Nous avions prévu ensuite d'aller visiter les autres missions mais finalement, grâce à un français installé ici et qui nous conseille un autre itinéraire moins touristique, nous décidons de changer notre programme. Nous louons une moto (genre motocyclette améliorée) et filons vers le Brésil et le Pantanal (début de l'Amazonie). Les choses se compliquent un peu: passage de la moto à gué...résultat 30minutes pour essayer de la redémarrer sous un cagnard pas possible; ensuite une piste de 22km...en 1h30 !! du sable, on dérape, je marche à pied...résultat la pédale de vitesse un peu cassée!

On arrive à Santiago de Chiquitos, direction un mécano, en 1 minute tout est réparé...le plus dur est à venir car c'est vendredi saint et dans ce bled où d'habitude il n'y a pas un chat....on a mis 3 heures à trouver une chambre!! On a dû faire pitié au gens en leur disant qu'on allait dormir dehors sur la place car au final c'est au couvent qu'on a fini...dans la même chambre que la propriétaire! ouf! Le soir même, on assiste à un joli concert de musique baroque dans l'église, joué par l'orchestre du village.

Le lendemain on reprend la route et à 70km de Puerto Suarez, crevaison du pneu avant! Ca n'a l'air de rien mais sur cette route il passe 10 véhicules à l'heure et on n'a pas de portable! Donc on patiente et au bout de 30minutes, un camionneur qui transporte du coca-cola nous propose de mettre la moto sur le camion et de nous amener à bon port! youpi on est sauvé!

Arrivés à Puerto Suarez, d'abord trouver un garagiste où quelque chose de ressemblant. On se fait balader d'un endroit à un autre (c'est courant en Bolivie) mais avec une moto de 300kilos et sous la chaleur ça devient vite la galère! Finalement le type veut bien nous changer la chambre à air (c'est dimanche de Pâques et ça l'emmerdait bien de bosser)...il joue avec nos nerfs et au bout de 1h30 c'est bon on peut rouler...et aller chercher un hôtel!

Le surlendemain, on reprend la route direction la frontière avec le Brésil, que l'on passe sans problème, pour aller faire un tour de bateau dans le Pantanal. On a vu des toucans en vol (pas de photo car zoom de merde) et un petit singe, et aussi belle végétation tropicale. Vers 13h, il nous faut repartir, on a presque 400 bornes à faire avec notre pétrolette. C'est parti et paf! au bout de 80km...deuxième crevaison, roue arrière cette fois! On avait acheté une bombe spéciale au cas oû...mais ça n'a servi à rien car les trous provoqués par les rayons de la roue auront raison du petit spray magique!

Il est 14h30, on doit rendre la moto le soir même et on a encore 300 bornes à faire! Que faire, comme à l'aller un gros coup de bol au bout de 30minutes, un pick-up s'arrête, on met la moto dessus et retour à San José tranquille vers 19h.

On s'en tire bien au final car pas d'accident, on n'est pas blessé mais on a joué un peu avec le feu! d'ailleurs les gens qui ont vu la moto et le trajet qu'on a fait nous ont pris pour des dingues et nous ont bien ri au nez!!

De retour à Santa Cruz, nous partons demain 3 jours (en bus cette fois) sur les traces de Che Guevara et le lieu où il a été assassiné. La suite d'ici quelques jours!


L'église de San José

La Vierge en noir

Magnifique chaire à prêcher

Retable de l'église

La Tour de la mission jésuite

Fresque dans la maison des missionnaires


Maison des Missionnaires


La Chapelle Miserere

Place centrale du village




Procession de nuit

Le Christ dans son bocal!

Sortie de la Vierge



Chochis, petit village

Mission jésuite de Santiago de Chiquitos

Concert de musique baroque


Les cloches de l'église de Santiago

Mission jésuite de Santiago de Chiquitos

Pas de route...état de la piste après un gros orage!

Le mécano local

Des ficus géants!

Ma coiffeuse...une coupe pour 1€!

Singe dans le Pantanal

Pantanal
Corumba au Brésil

jeudi 28 avril 2011

La province de Chiquitos

Pour quitter Sucre et aller vers Santa Cruz (capitale économique de la Bolivie), il y a 2 solutions: soit 15 à 17h de bus, la nuit, sur une route partiellement dangereuse, soit 40 minutes d’avion…le choix est vite fait, surtout pour 32€.

L’arrivée à Santa Cruz est un peu un choc thermique! En effet, ici beaucoup de chaleur et surtout d’humidité! L’influence de l’Amazonie se fait sentir! Ville pas très intéressante, on file le lendemain dans la province de Chiquitos à 265km vers l’est. Nous prenons un billet de train Premium et c’est parti pour 7h de train…vitesse moyenne 60kmh!! Un vieux train, assez confortable tout de même, mais sans clim…toutes les fenêtres sont ouvertes et ce ne sera pas de trop pour nous faire oublier la chaleur ambiante!

En revanche, niveau service c’est le top! Les sandwiches sncf peuvent aller se rhabiller! Pendant tout le trajet, c’est un défilé de vendeuses dans le train: brochette de poulet avec patates douces pour 1€ (miam miam), jus d’orange pressé tout frais, jus de coco, poulet au curry, divers petits gâteaux et sucreries, crèmes glacées, montres, lunettes de soleil etc.. Impossible de mourir de faim!

Et nous voilà à San José de Chiquitos, il est 19h et nous devons trouver un hôtel…la suite au prochain post!

Sucre....on respire

Après Potosi et ses 4070m d’altitude, nous descendons à Sucre qui est « seulement » à 2700m!! Ouf nous respirons et dormons beaucoup mieux!

Sucre est la plus jolie ville coloniale que nous ayons vue jusqu’à maintenant. Ville moderne et traditionnelle avec ses façades à encorbellements, ses balcons en fer forgé, ses églises

baroques…bref beaucoup de charme, on pourrait facilement y vivre! Ici comme dans d’autres ville de Bolivie il doit être assez facile de s’installer comme pharmacien ou avocat car à tous les coins de rue ça foisonne!…même pour les cas les plus désespérés (voir photo plus bas)!

Nous étions à Sucre le dimanche des Rameaux et la tradition ici est perpétuée par les femmes qui fabriquent, avec des feuilles de palme, des petits paniers, des croix, des compositions diverses agrémentées de fleurs. A l’église, tout le monde porte sa petite « offrande » en feuille de palme.

Sucre, capitale constitutionnelle de la Bolivie, (qui s’appelait autrefois Charcas, puis La Plata et ensuite Chuquisaca) est célèbre pour son Palacio de la Libertad qui fut le lieu de l’acte de naissance de la Bolivie, signé en 1825. Le nom « Bolivie » vient de Simon  Bolivar, l’homme fort qui a chassé les espagnols et donné son indépendance au pays!

Nous avons aussi assisté à une soirée de danses traditionnelles avec des costumes de toutes les régions. Une incroyable richesse de couleurs, de formes, de tissus et de styles musicaux.

Plaza de Armas



Ancien archevêché, aujourd'hui préfecture

Tout est possible!

Eglise San Miguel



Joli encorbellement!




Basilique San Fransisco

Les compositions en feuille de palme

Un petit indigène en guise de caryatide


Jus de fruit frais au marché

Un des nombreux costumes traditionnels de la Bolivie

L'Ave Maria en Quechua!

Sucre entourée de 7 collines ...comme Rome

Eglise et couvent de la Recoleta

Musée de la Liberté

Musée de la Liberté

lundi 18 avril 2011

Potosi, plus haute, plus riche...

Potosi nous voilà...à plus de 4000m d'altitude, c'est la ville la plus haute du monde et on s'en rend compte car le souffle est court et rien que monter quelques marches on n'en peut plus! En plus la ville s'est construite à flanc de colline et les rues sont pentues...ce qui ajoute encore à la difficulté!

Mis à part cela, Potosi est une ville coloniale magnifique et beaucoup de ses monuments témoignent de sa splendeur passée. Petit rappel historique: fondée en 1545, la ville a enrichi la couronne espagnole pendant des années grâce à l'argent extrait des mines du Cerro Rico, colline sur laquelle la ville repose. Le travail dans les mines, réalisé d'abord par les indigènes et plus tard par des esclaves venus d'Afrique, a englouti plus de 8 millions de victimes. On imagine facilement les conditions de travail épouvantables! 

Grâce à tout cet argent, Potosi devient une des villes les plus riches et les plus peuplées d'Amérique avec plus de 200 000 habitants (plus que Londres ou Paris) mais très vite le Couronne Espagnole va dilapider cet argent et au début du 19è siècle, les filons d'argent deviennent plus rares et la ville commence à décliner.

Aujourd'hui, il reste encore environ 6000 mineurs (dont beaucoup d'enfants) organisés en coopérative. La rémunération se fait en fonction du travail effectué, les recettes proviennent du zinc, du plomb, de l'étain et parfois de l'argent. Les conditions de travail sont épouvantables..sans masque, sans aération et avec du matériel rudimentaire. 

Nous n'avons pas visité la mine, ce qui est possible avec un guide, car le côté claustro nous a fait peur! Cependant nous avons vu un film extraordinaire intitulé "El minero del diablo", tournée en 2005. Documentaire très réaliste sur la vie de mineur d'un enfant de 14 ans, obligé de travailler à la mine pour nourrir sa mère, son frère et sa soeur, le père étant décédé. J'ai acheté le DVD car c'est vraiment poignant et sans trop de misérabilisme...à voir pour ceux qui veulent à mon retour!

Place aux petite merveilles de Potosi en photos.
Porte d'une ancienne maison coloniale



Les beaux gâteaux pleins de crème!!

Jolie porte



La cathédrale

La Casa Nacional de la Moneda

Machines à laminer l'argent

Premières pièces d'argent martelées à la main

Plaza 10 de Noviembre

Maisons à encorbellements


Intérieur de la cathédrale


Ancien couvent, aujoud'hui collège

Vue panoramique depuis le clocher de la cathédrale

Le Cerro Rico

Une des 3 grosses cloches de la cathédrale


Vente d'empanadas (petit chausson de viande, de poulet ou de légumes)


Jus d'orange tout frais!

vendredi 15 avril 2011

La minute économique bolivienne

Manif à Potosi:

Depuis la France, on entend que des bonnes choses sur le Président Evo Morales, mais ici les choses sont bien différentes. Hier soir à Potosi, nous avons assisté à une grande manif organisée par la COD (Central Obrera Departamental). Plus de 8000 personnes ont défilé dans les ruelles pentues de Potosi, à la lumière de petites lampes fabriquées avec une bouteille en plastique et une bougie. Pendant quelques heures, au rythme de slogan anti-Morales, ils ont bloqué tout accès à la ville haute, pour réclamer une augmentation de salaire de 15%.

A la fin, les manifestants ont procédé à la mise à feu de poupées à l’effigie de Morales et du Décret Supreme DS 21060, qui porte atteinte au droit des travailleurs à se syndicaliser.

Morales, qui a expulsé l’ambassade des Etats-Unis, essaie de se faire passer pour un anti-impérialiste, mais dans les faits il est plus proche du capitalisme que du socialisme à cause de sa gestion des ressources naturelles et surtout le maintien des privilèges des Forces Armées et de la Police qui le protègent.

Exportation de la quinoa

Depuis quelques temps en France et en Europe, c’est le grand boom de la quinoa, cette céréale qui pousse sur l’altiplano bolivien et qui possède de hautes valeurs nutritives.

En Bolivie, il y a 70 000 producteurs de quinoa, répartis sur les départements de Potosi, La Paz et Oruro. Les exportations sont passées de 4800 tonnes en 2005 à 15 000 tonnes en 2010. Il faut savoir que seulement 5% de cette production est destinée au marché local, 45% sont exportés dans plus de 20 pays et 50% sont destinés à la contrebande. Entre 2000 et 3000 tonnes de quinoa  de contrebande passent par 2 villes frontalières avec le Pérou, pays qui ensuite la revend à d’autres pays du monde


La Bolivie est assise sur une mine de lithium


Le lithium est ce fameux composant de base pour les batteries et indispensable pour l’industrie électronique, notamment en Corée du Sud.

La Bolivie, qui possède 70% des réserves mondiales de lithium, est incapable d’élaborer une stratégie pour l’extraction, le développement et l’industrialisation du Salar de Uyuni (Lac de sel de 12 000 m² à 3700m d’altitude). Il a beaucoup plu ces derniers temps ce qui a paralysé la première phase d’industrialisation promise. La Bolivie n’a aucune idée du coût de production que cela va entrainer.

Le gouvernement de Evo Morales a reçu des promesses d’entreprises Sud-Coréennes, Japonaises, Chinoises, Brésiliennes, Iraniennes et Vénézuéliennes pour un programme d’industrialisation du lithium. La Bolivie a tout de même mis en place la première étape, à travers une entreprise nationale, pour la production de carbonate de lithium. La seconde étape requiert des financements externes énormes pour produire du chlorure de lithium, du lithium métallique et des batteries.  A qui appartiendra le lithium bolivien??